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Le baiser de l'araignée

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Un mois de juin tout à fait majestueux brille sous nos yeux. Une température sur mesure pour notre travail de mangeur de trottoir. Je galope gaiement, en fredonnant des parcelles de chanson qui ont entrepris de me coller au cerveau depuis le petit matin. Le galop est soudainement coupé net (du même coup, le fredonnement) quand, en tournant l’entrée d’une maison, j’attrape une toile d’araignée en plein visage. Trop absorbé par ma joyeuse cadence, j’ai encore une fois omis de me protéger avec l’aide d’un élan du bras vers l’avant. Geste qui pourtant est devenu presque automatique à cette période-ci de l’année.

Une fois débarrassé de cette toile encombrante, je me rends compte que sa conceptrice me remonte sur le chandail, sans doute pas très contente du saccage de son piège à insectes. Une bonne claque et je l’envoie valser un peu plus loin. Je continue ma croisade pour me rendre compte qu’elle pendouille le long de mon sac de courrier en me chatouillant le poil de la jambe. Elle est tenace, la petite coquine! J’imagine alors ma femme (ou ma fille) dans cette situation, il est certain que leur cœur arrêterait… et paf! sans connaissance par terre. Cet été a été vraiment le théâtre perpétuel et intense du ballet des araignées. Plus que toutes mes années comme facteur réunies, je crois. Bon j’exagère peut-être un peu, mais à peine. Est-ce la température ou un simple concours de circonstances?
 
Je me permets une petite parenthèse scientifique. Saviez-vous que la toile d’araignée est une matière extrêmement résistante? En fait, elle est  5 fois plus résistante que l'acier. L’élasticité de son fil est stupéfiante, pouvant s'étirer jusqu'à 40 % sans se rompre. Une telle résistance alliée à la légèreté s’avèrerait une combinaison gagnante une fois transposée à la taille humaine. Ma fille et moi avons appris ces faits lors d’une visite au musée des Sciences de Montréal. Des étudiants d’université, qui sont à faire un doctorat sur la bestiole en question, y allaient d’exposés très intéressants. Des tendons humains faits de polymères identiques ou semblables aux toiles d’araignée, qui peut savoir ce que les découvertes de ces chercheurs nous réservent? En tout cas, je sais maintenant qu’il y a de jeunes et brillants cerveaux qui s’y attardent. Quoi qu’il en soit, je ne suis pas convaincu que cela a persuadé ma fillette de 9 ans de choisir cette avenue pour ses hautes études.

 

Peut-être qu’un jour nous apprendrons comment utiliser l’arsenal de conception de l’araignée et ainsi trouver des utilités médicales propres à nos vies humaines. Pour le moment, j’ai peut-être même déjà commencé, à titre gracieux de cobaye, à guérir sans le savoir certaines de mes tares physiques, dont une partie de l’effritement progressif de ma vue, ou le vieillissement assorti de rides sur ma peau faciale en m’envoyant régulièrement le truc tissé en plein visage. Je vous tiens au courant si cela s’avère être le cas…

 

Mon étude indépendante devrait se poursuivre sur quelques années encore.

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