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À quoi bon ? 

  • Photo du rédacteur: Luc Thibert
    Luc Thibert
  • 30 nov.
  • 2 min de lecture

«Il est destructeur pour l'âme d'être anxieux face à l'avenir et malheureux avant même d'être malheureux, submergé par l'angoisse que les choses que nous désirons puissent rester siennes jusqu'à la fin. Car une telle âme ne sera jamais en paix, à force de désirer ce qui est à venir, elle perdra la capacité de profiter des choses présentes.»

-Sénèque, Lettres à Lucilius, 98.5b-6a


Nous avons cette étrange habitude : nous tourmenter avant même que la mauvaise nouvelle n’arrive. Attendre signifie pourtant que rien n’est encore advenu. Mais nous choisissons déjà la souffrance : on se ronge les ongles, on a la boule au ventre, on rejette sèchement ceux qui nous entourent. Pourquoi ? Parce que peut-être quelque chose de mauvais nous attend.


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L’homme pragmatique ne s’encombre pas de ces chimères. Trop occupé à agir, il ne gaspille pas son énergie dans des scénarios qui ne se produiront peut-être jamais. Pensez-y : si la nouvelle est moins grave que prévu, nous aurons souffert pour rien. Et si elle est vraiment mauvaise, nous aurons simplement allongé notre malheur en le vivant deux fois : par anticipation, puis dans la réalité.


Alors, à quoi bon ? Laissons venir les nouvelles lorsqu’elles viendront. Et d’ici là, appliquons-nous à bâtir, à avancer, pour n’y prêter attention qu’au moment nécessaire. Car l’inquiétude n’ajoute rien à la vie ; elle n’en retranche que la saveur. Le malheur, s’il doit frapper, frappera de toute façon. Mais chaque instant rongé par la peur est une victoire que nous lui offrons d’avance.


Refusons de payer ce tribut insensé : vivons, et laissons le sort se présenter à l’heure qui lui appartient.


L’inquiétude n’a jamais empêché le malheur — mais l’action, elle, peut parfois le transformer.


Luc Thibert

Inspiré du Daily Stoic du 21 août.


2 commentaires


Lili Côté
Lili Côté
01 déc.

L'anticipation est ma spécialité ! Et je sais, je sens à chaque fois que c'est mauvais pour moi. J'imagine que nous sommes plusieurs dans le même cas. Changer cela relève d'un grand défi de chaque petit jour. Merci Luc de rappeler ici cette habitude empoisonneuse. Attendre, attendre, attendre, ça tue.


Merlin est parti depuis une semaine. Je l'espère toujours. Ça me tue.


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Luc
Luc
03 déc.
En réponse à

Chère Lili,


Quelle tristesse de te lire ainsi, et combien je comprends ta peine.


Essayons, si tu veux bien, de nous changer les idées un instant — ne serait-ce que pour déposer un baume léger sur ce chagrin, même si rien ne peut vraiment l’apaiser pour le moment. Le sujet de mon billet de cette semaine me touche d’ailleurs de très près : sans en avoir toujours l’air, je suis moi aussi un grand anticipateur… de première classe. Et je peux t’assurer que parfois ce n’est pas une mince affaire à porter.


Chaque jour, j’essaie de ne pas trop écorcher ceux qui m’entourent avec mes spirales et mes scénarios ténébreux. Je fais de gros efforts pour corriger cet aspect peu…


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