Montrez-moi comment vivre.
- Luc Thibert
- 20 juil.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 juil.
« Montre-moi un homme qui a su mettre son temps à profit : je te montrerai un homme qui a vraiment vécu longtemps, même s’il est mort jeune. »
— Sénèque, De la brièveté de la vie,
Un autre passage, encore plus percutant, nous secoue avec la même intensité :
« Ce n’est pas la vie qui est courte, c’est nous qui la rendons telle ; elle n’est pas pauvre, c’est nous qui la gaspillons. […] Ce n’est donc pas peu de temps que nous avons, mais beaucoup que nous en perdons. »
Ces mots font immédiatement resurgir à mon esprit la chanson « Show Me How to Live » du groupe Audioslave. Ce morceau dégage une intensité brute, presque stoïcienne, dans son appel à une vie authentique, libérée des illusions. Pour moi, c’est la même question fondamentale qui anime Sénèque et le cri du cœur de Chris Cornell : Un pont inattendu entre l’antiquité et le rock alternatif : « Ce n’est pas la vie qui est courte, c’est nous qui la rendons telle. »

« Show me how to live » — ce n’est pas simplement une requête… C’est un appel viscéral à sortir du sommeil quotidien, à échapper aux automatismes, aux rôles imposés. C’est le même cri que poussait Sénèque, deux mille ans plus tôt : « Montre-moi non pas comment durer, mais comment vivre. »
Sénèque nous fait comprendre que vivre longtemps ne signifie rien si l’on passe son existence à suivre le troupeau, à fuir la douleur, ou à courir après la reconnaissance — toutes ces futilités qui dirigent trop souvent nos vies modernes. Deux époques. Une même urgence. Celle de redevenir l’auteur de sa propre vie, en rejetant la passivité et en choisissant consciemment chaque moment. Et que, peu importe le nombre d’années qu’on nous accorde, on puisse dire, avec clarté et sincérité, que notre vie a été longue parce qu’elle fut pleine.
Nous connaissons tous quelqu’un qui incarne cette disposition — quelqu’un que nous avons perdu trop tôt, mais de qui, encore aujourd’hui, nous pensons : Si je faisais ne serait-ce que la moitié de ce qu’il a accompli, je pourrais considérer ma vie comme pleinement vécue.
Le meilleur moyen d’y parvenir est de se concentrer sur la tâche du moment présent. Qu’elle soit grande ou petite importe peu. Comme l’écrit Sénèque, si nous nous consacrons pleinement, avec intention, à vivre dans la vertu ici et maintenant, alors nous « adoucissons la fuite précipitée du temps ».
Stoïciens, montrez-nous comment vivre!
Note : Chris Cornell — chanteur emblématique de Soundgarden et Audioslave — s’est enlevé la vie le 18 mai 2017 dans une chambre d’hôtel à Détroit, peu après un concert au Fox Theatre. Son geste, comme celui de nombreux autres artistes (Kurt Cobain, Chester Bennington, etc.), révèle à quel point le succès extérieur ne garantit pas l’équilibre intérieur. Il rappelle aussi l’importance de la santé mentale, du soutien émotionnel, et surtout… de ne pas juger trop vite ce que vit quelqu’un, même s’il semble avoir « tout pour être heureux ».
Luc Thibert
Inspiré du Daily Stoic du 23 mai.
Cette question-là, celle de la durée, n'a rien de commun avec le temps. Nous avons du contôle sur le temps, pas la durée. Et c'est un défi quotidien de faire en sorte que nous passions une vraie journée, Pour moi, ce qui est difficile, c'est de constater que je me laisse voguer sans même penser que je suis sur un petit navire, que traverse de longues distances en 24 heures, sans trop m'en rendre compte. Être conscient que l'on est en train de vivre, à la minute, à l'heure près, c'est exigeant. Cela devient toutefois nécessaire sinon j'ai la désagréable impression de ne rien voir passer, ne rien ressentir En fait, je ne vois rien passer. Ah, oui, une belle…