L’art de garder notre lampe allumée.
- Luc Thibert

- 16 août
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 7 sept.
«Lorsque vous laissez votre attention glisser un peu, ne pensez pas que vous la reprendrez quand vous le voudrez - gardez plutôt à l'esprit qu'à cause de l'erreur d'aujourd'hui, tout ce qui suivra sera nécessairement pire... Est-il possible d'être exempt d'erreur ? Pas du tout, mais il est possible d'être une personne qui s'efforce toujours d'éviter l'erreur. En effet, nous devons nous contenter d'échapper au moins à quelques erreurs en ne relâchant jamais notre attention.»
-Épictète Discours, 4.12.1; 19

Dans un monde saturé de sollicitations — notifications, courriels, fils d’actualités, messages textes — l’attention est devenue une denrée rare. Et sa valeur, tout comme sa fragilité, n’a jamais été aussi manifeste.
L’attention est un fil d’or fragile qui relie notre esprit au monde extérieur. Si nous le laissons se rompre, nous nous égarons dans l’ombre des distractions. Les stoïciens nous rappellent que tenir ce fil, même un instant, suffit à éclairer notre route.
Épictète nous invite à comprendre que l’attention n’est pas un état spontané, mais une discipline. Elle se cultive comme on entretient un muscle : par la répétition, l’effort modeste mais constant. Chaque fois que nous nous laissons happer par la dispersion, nous entraînons notre esprit à s’égarer plus facilement. À l’inverse, chaque fois que nous choisissons de revenir à l’instant présent, nous fortifions en nous la capacité d’être lucides, justes et efficaces.
Un vieux maître zen disait : « La pratique n’est pas d’empêcher l’esprit de s’échapper, mais de le ramener mille fois. » Cette sagesse rejoint celle des stoïciens : ce n’est pas l’erreur qu’il faut craindre, mais l’oubli de se redresser. L’attention, lorsqu’elle est entretenue avec patience, devient une forme de liberté intérieure.
La recherche moderne confirme d’ailleurs cette intuition ancienne : le multitâche réduit nos performances, augmente les erreurs, épuise notre énergie mentale et affaiblit notre mémoire. À l’opposé, la concentration soutenue — même brève — affine notre jugement, améliore la qualité de notre travail et nourrit un sentiment de maîtrise.
Notre attention est l’un de nos biens les plus précieux. Elle est le filtre par lequel nous donnons forme à notre réalité. Être ses gardiens vigilants, c’est choisir de mieux vivre, avec plus de présence, de cohérence… et de liberté.
L’attention est comme une lampe dans la nuit : plus elle est stable, plus elle éclaire loin.
Luc Thibert
Inspiré du Daily Stoic du 21 avril.






Hier, j'ai dépassé les 5000 pas !! :-)
Ma tête est pleine d'images navrantes, de mots qui ont blessé, de pensées liées à des tristesses du passé, et encore. Mon corps m'interpelle à chaque instant pour me rappeler que j'ai mal partout. Dans ce contexte, focaliser sur le moment présent s'avère pour moi une montagne dont le sommet se cache aux confins de la stratosphère. J'essaie, j'essaie, j'essaie de me dire : «là, Lili, tu es gavée de chance d'avoir Yvan auprès de toi, et puis Gabi, sans oublier Merlin. Tu as un toit et un jardin. Respire et trouve du réconfort conscient parmi toutes ces belles choses.»
J'aime que tu dises «ramener l'esprit mille fois.» Ça m'encourage. Merci Luc ! Et bonne semaine à toi et aux…