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L’acquisition.

Photo du rédacteur: Luc ThibertLuc Thibert

Nous l’avons tant espérée. Nous avons travaillé si fort pour l’obtenir. Parfois, face aux obstacles, nous avons dû attendre patiemment. D’autres fois, l’impatience nous a poussés à prendre des risques irréfléchis, voulant forcer le destin pour accélérer notre conquête.

Et puis, un beau matin, nous l’avons eue. Wow, sublime !



Mais ensuite ? Bof… Un peu décevant. Fugace, disons. Et maintenant ? Déjà, nous nous remettons en quête. Désirer encore. Vouloir quelque chose de différent, de nouveau, quelque chose qui, cette fois, changera véritablement notre vie. Toujours plus. Encore et encore. C’est là tout le problème du désir, diraient les stoïciens : il ne peut jamais être totalement satisfait. Notre société capitaliste repose sur ce principe, et les publicitaires l’ont bien compris depuis longtemps. Aujourd’hui, les algorithmes de l’intelligence artificielle entrent dans la danse, manipulant encore davantage notre esprit et exacerbant nos envies.


Avez-vous déjà entendu parler de l’adaptation hédonique ? Selon cette théorie, lorsqu’une personne gagne plus d’argent, ses attentes et ses désirs augmentent simultanément, si bien qu’au final, son niveau de bonheur reste inchangé. Nous nous persuadons inconsciemment que l’épanouissement réside dans l’accumulation. Comme un hamster dans sa roue, nous courons sans relâche vers un horizon qui recule sans cesse, prisonniers de notre insatisfaction chronique.


Ce n’est pourtant pas un phénomène nouveau. Les stoïciens nous mettaient déjà en garde contre ce cycle infernal. Non pour condamner le désir en lui-même, mais pour nous rappeler que l’épanouissement ne se trouve pas dans l’acquisition. Avouons-le : les choses que nous croyons indispensables à notre bonheur nous comblent rarement autant que nous l’espérions.


Les stoïciens nous invitent plutôt à nous tourner vers l’intérieur, à dompter nos désirs et à trouver le contentement dans le processus plutôt que dans le résultat. La véritable satisfaction ne réside pas dans la course aux récompenses éphémères, mais dans l’appréciation de ce qui est déjà à notre portée — et que nous ne voyons plus.


Arrêtez, malheureux ! Si tout le monde mettait cela en pratique, le PIB québécois s’effondrerait irrémédiablement, s’écrient en chœur les économistes de tout acabit !

D’accord, n’ayez crainte… Allons-y doucement. Mais avançons, ensemble, vers l’essentiel.


Luc Thibert

Inspiré du Daily stoic du 10 février.

 
 
 

3 Comments


Lili Côté
Lili Côté
Feb 17

Combien de robes, de colliers et de chaussures ai-je acquis lorsque j'avais le coeur gros, combien de bibelots, de vaisselle, de bébelles ai-je voulu posséder pour calmer une journée d'ennui, une semaine de stress, combien ? J'ai pourtant assez vite compris que toutes ces choses-là ne venaient rien ajouter à ma personne intérieure, rien ajouter à mon décor intérieur, rien régler du tout. Je me suis domptée depuis. Il m'arrive encore de «me faire des petits plaisirs» sans pour autant en attendre de résultats pour l'esprit, pour le sentiment de bien-être. Merci Luc de me redire l'essentiel.


Frédéric Lenoir vient de faire paraître Le rêve de Marc Aurèle - l'empereur philosophe qui nous aide à vivre - chez Flammarion. J'en…

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Luc
Luc
Feb 21
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Et André de me relancer :


C'est bien d'alimenter la discussion. Mon intervention n'avait pour but que de distinguer l'acquisition des biens matériels tels que tu l'expliquais si bien dans ton billet mais plutôt, en utilisant ce lexique,de celle de la connaissance utile à notre vie intérieure. Le principe d'acquisition tel que tu le formulais s'apparente à celui d'accumulation qui est son corrolaire lequel, par ta démonstration, nous mène à la vacuité de la vie quotidienne. Toutes les formes d'acquisitions par le biais de biens matériels, et auxquelles il ne faut pas exclure le narcissisme des individus qui se décline par la surexposition de leurs moi respectifs via les réseaux sociaux,témoignent que la quête de sens est le plus grand…

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